Bonjour, je (Martin) vais vous raconter la suite de notre aventure entre Gibraltar et Madère. Ainsi que quelques péripéties lors de notre arrivée à Madère.
Je profite du fait que vous soyez hyper concentré à lire cette newsletter pour vous redonner les deux différents liens pour nous suivre.
ATTENTION, il est possible que lors de nos traversées, vous ne nous voyiez plus. C’est normal, on ne capte pas partout, mais tout va bien, on est sûrement en train de pêcher, de manger, de dormir ou jouer à un jeu de société pour nous occuper.
Maintenant, je vais pouvoir commencer.
On est parties un soir d’octobre (le 10) vers 18 heures, avec des conditions que je décrirais comme musclés. Vers minuit, Clement nous réveilla pour prendre des ris car le vent avait forci à 30 nœuds. Clément prit cette décision lorsque qu’il vit que l’on avancé à 12 nœuds en vent arrière (c’est beaucoup pour un bateau).
Tous sur le pont pour prendre les ris, avec une mer assez agitée et deux mètres de houle. Puis on est partis nous recoucher. Mais la nuit ne faisait que commencer ! On a passé la nuit en plein dans le rail de Gibraltar (route qu’empreinte les cargos). On a donc passé la nuit à slalomer entre les différents bateaux de tout type et de toutes tailles. Une nuit assez stressante mais enrichissante en expérience. Les pros de l’esquive, je me suis dit…
Mercredi 11 octobre, le bateau fuse à toute allure avec environ 200 miles (370 km) parcourus en 36h. On en a même profité pour mettre pour la première fois le spi, c’est une énorme voile
que l’on peut utiliser que lorsque le vent vient de l’arrière du bateau.
Le jeudi 12 et vendredi 13, le vent fait n’importe quoi. Il est faible et va dans tous les sens. Impossible d’avancer. Les nuits sont horribles, car les voiles claquent à cause du manque de vent et font beaucoup de bruit.
Samedi, toujours pas vent. Nous en avons donc profité pour mettre notre filet manta dans l’eau. Pour rappel, on est en partenariat avec l’association Oceaneye pour qui on effectue des relevés de microplastiques.
Le filet doit être mis à la traîne du bateau pendant 30 minutes. Sur une feuille, que l’on enverra à l’association, il faut remplir différents paramètres. Comme la vitesse du bateau ainsi que celle du vent et de la distance parcourue avec le filet. Puis on récolte les microplastiques du filet, on les sèche et les stocks.
Samedi soir, le vent est de retour !! Mais peut-être un peu trop ! Avec des rafales à 35 nœuds au près et entre 2 et 3 mètres de houle. Les deux dernières nuits furent compliquées car on a des problèmes de fuites dans nos cabines. Une chose que l’on doit régler à Madère. Mais au moins, on avance en direction Madère.
On est arrivée lundi en début d’après-midi, après 620 miles parcouru. Je vous laisse calculer combien ça fait de kilomètre sachant que 200 miles font 370 km.
Vous vous rappelez quand je pensais que l’on était les pros de l’esquive, j’ai peut-être parlé peu un vite… Je vous explique.
Deux heures avant d’arrivé à Madère, Stan m’appelle et me dit qu’il voit une baleine. Je sors et avant même d’avoir eu le temps de voir quoi que ce soit, j’entends un énorme boom et le bateau s’arrête instantanément. Francesco, alors à la barre, à le réflexe de tourner la barre dans tous les sens et cris : “ on a plus de safran les gars ! “ Car il n’y avait plus de résistance. Stan prend alors la GoPro et la plonge dans l’eau et voit encore le safran. On en a donc conclu qu’il n’y avait plus résistance dans le safran, car on était passé de 6 à 0 nœuds presque instantanément et que l’on avait percuté une baleine. Faire des auto-tamponneuses avec une baleine est très rare en mer (à terre aussi) donc pas de chance. Je tiens à vous dire que durant toute cette rencontre, la baleine était sous l’eau donc impossible pour nous de la voir ni de faire un constat en bonne et due forme.
Pour continuer dans nos aventures, tous les ports de l’île était plein à craquer donc la seule option qui s’offrait à nous était le mouillage.
Le lendemain, Stan puis Clement plongèrent pour vérifier l’étendue des dégâts. Le verdict fut clair, le safran est tordu et fissuré, heureusement la quille n’avait rien.
Etape suivante, trouver un chantier pour sortir le bateau et réparer le safran. Au bout de quelques appels en mélangeant le français, l’anglais et le portugais (je vous laisse imaginer les dialogues), un seul chantier est disponible pour sortir le bateau lundi 23.
La semaine, en attendant de sortir le bateau, on s’est baladé, reposé, fait quelques réparations, mais surtout, on a croisé Ecosillage, un autre projet de 5 jeunes de notre âge qui partent de La Rochelle pour rallier la Polynésie française. Ce fut un super moment et échange. C’était rigolo de se replonger dans des discussions sur les problèmes rencontrés lors de la préparation de nos projets respectifs.
Nous sommes en contact avec d’autres projets similaires au nôtre que l’on risque de croiser lors de nos différentes escales. En attendant, on se partage des bons plans pour rendre les escales plus confortables.
Durant notre semaine au mouillage, les nuits étaient assez compliquées, malgré la zone abritée, une grosse tempête a secoué l’île. Il y avait donc beaucoup de vent et de petites vagues, ce qui nous a même valu de reprendre les quarts pour une nuit au mouillage. Vérifier que le bateau ne chasse pas et que les autres bateaux autour de nous ne chassent pas non plus pour pouvoir les éviter s’ils nous foncent dessus.
Lundi 23, rendez-vous 14 heures au chantier situé à 15 minutes en bateau de notre mouillage.
Malheureusement, impossible de dormir sur le bateau, on a donc loué une voiture à un Français vivant sur l’île et on a passé la première nuit dans un hôtel à Machico en attendant que le chantier nous donne la durée de la réparation. Ça nous a données le temps de s’organiser pour la suite. A notre plus grand regret, les lits n’étaient pas confortables du tout donc la nuit ne fut pas très reposante pour tout le monde. Le lendemain, après un bon café, direction le chantier. Le patron parlant très bien français, nous annonce que l’on peut remettre le bateau vendredi à l’eau. Très efficace, on est arrivé vers 10 heures et ils avaient déjà retiré une bonne partie du safran. On a donc fait quelques achats pour les réparations à venir.
Pour les nuits suivantes, on a acheté deux tentes deux places et c’est parti pour camper dans les montagnes de Madère. Les paysages sont verdoyants et les routes sont extrêmement pentues. Ce qui m’a le plus choqué, c’est la différence de température entre le bord de mer et les montagnes : un bon duvet est de mise.
Premier bivouac au bord d’une cascade, avec Karl un baroudeur Allemand de 23 ans qui traverse l’île seul à pied et qui a bien voulu partager son feu avec nous. On a passé la soirée à parler anglais et à se raconter nos vies. 22 heures, après trois bonnes heures à discuter au coin du feu, le froid nous pousse à nous blottir dans nos duvets et dormir. Le lendemain, il fallait être à 8 heures au chantier pour commencer les réparations du bateau pendant que le chantier s’occupe de notre safran.
Deuxième nuit de camping, sur les crêtes du Pico de Ruivo, je vous avoue qu’après 10 heures de chantier devoir marcher 45 minutes dans la nuit pour planter la tente dans un endroit qui n’était même pas une aire de camping m’a un peu énervé. Monter la tente de nuit dans le froid sur un terrain en pente n’a pas était facile. Mais finalement, j’étais très content de l’endroit que nous avait déniché Stan, car le lever de soleil, le lendemain, était magnifique.
Le troisième et dernier camping devait être le meilleur, un vrai camping, avec douche, de petite installation et des carrées d’herbes plats (les dos commencent à souffrir). Mais en arrivant le camping est fermé et on se retrouve à dormir à 30 mètres du camping dans un champs plein de caillou et d’autre randonneur dans la même situation que nous. Au moins, il y avait des douches (froides, bien sûr) et des toilettes.
Sur les deux derniers bivouac, nous avons passé la soirée avec des Français. Tous deux de l’éducation national, ils ont été très étonnés lorsqu’on leur racontait comme si c’était normal que nous fassions un tour de l’atlantique. Ils nous ont donné des idées super intéressantes pour les élèves. La plupart des randonneurs que nous avons croisés, traversaient l’île d’Est en Ouest (120 Km).
Exemple de réparation :
- Changer le feu de mât
- Réparer notre générateur qui fonctionne mal
- Pomper le fond de cale
- Réparer les fuites
Vendredi 27 octobre
Vers midi, nous venons de finir nos réparations, le bateau est comme neuf ! 14 heures remises à l’eau du bateau. Tout se passe bien, on se remet à notre mouillage précédent, en face de Machico et grosse opération rangement et courses. Puis vers 19 heures Clément et moi sommes partis surfer sur la plage d’en face. Les vagues étaient petites mais très agréables à surfer, 1 heure et demie de pure plaisir et détente.
Le lendemain, c’est balade ! On a longé un ruisseau pendant toute la balade et traversé des tunnels. Malheureusement, nous avons essayé de filmer, mais un problème de réglage rend les images inutilisables et illisibles. Et une vraie nuit de sommeil dans le bateau pour récupérer notre dos délaissait pendant les nuits de campings.
Lundi 30, enfin le départ pour les Canaries, on devrait avoir deux jours de traversée avec du vent entre 10 et 20 nœuds. On a hâte de reprendre la mer !!
Concernant les écoles, on interagit avec elles le plus possible, lorsque nous sommes à terre. On leur envoie des nouvelles via un journal de bord “écrit“ par un ours en peluche qu’une des classes nous a donné: Billy